La pêche à la dandine
Cette technique ancestrale et universelle connaît un regain de popularité spectaculaire avec le développement de la pêche verticale profonde, notamment en lac de barrage.
Elle consiste tout simplement à animer un leurre à la verticale et de façon répétitive. Une tirée plus ou moins sèche décolle le leurre, on donne du mou dans la ligne et il retombe. On recommence aussitôt : tirée, relâché, tirée, relâché et ainsi de suite.
À première vue ce n'est pas vraiment une pêche d'intellectuel, et son côté mécanique défrise certains puristes amateurs d'animations savantes et de sophistication. Comme l'écrivait un jour Albert Drachkovitch : "On dirait qu'il y a des gens pour qui la simplicité est une offense"...
En réalité la dandinette a ses subtilités -comme la plupart des méthodes simples en apparence- et l'on observe souvent des écarts de prises significatifs entre deux pêcheurs utilisant le même leurre au même endroit. Parfois ça peut même faire très mal, et le score le plus sévère dont je me souvienne s'est soldé par une centaine de poissons (dont 6 sandres) à zéro, sur deux jours de pêche... Je vous laisse le soin de conclure.
Une technique énervante
Mais ne mettons pas la charrue avant les boeufs, et pour l'instant contentons nous de bien comprendre le principe de base de cette méthode. Son efficacité est due au fait qu'elle joue sur la curiosité et l'agressivité du poisson. C'est le cas de la plupart des pêches aux leurres, mais plus particulièrement de la dandine, pour trois raisons :
- Les mouvements vifs et désordonnés du leurre attirent l'attention des carnassiers, et parfois de loin, car il existe un grand principe subaquatique qui veut que tout ce qui bouge vite se répartit en deux catégories possibles: proie (si c'est plus petit que soi) ou prédateur (si c'est plus gros).
- Il est connu que le mouvement vertical d'une proie potentielle déclenche facilement le reflexe d'attaque des carnassiers, en particulier la perche et le sandre. En effet, c'est typiquement un mouvement de fuite, que ce soit à la montée ou à la descente.
- La dandine est une technique insistante qui permet de "marteler" un poste au point que le carnassier finit par "s'échauffer". La tension monte et bien souvent il craque et commet la faute, même s'il n'est pas vraiment en chasse.
Que pêche-t-on à la dandinette ?
Tous les carnassiers sans exception y sont sensibles, mais les plus intéressés sont, par ordre décroissant, la perche, le sandre et le brochet. Le tout est qu'ils se tiennent à proximité du fond, car même s'il est possible (et parfois nécessaire) de dandiner entre deux eaux, c'est tout de même une technique qui se pratique la plupart du temps sur le fond.
De même, il est nécessaire d'avoir une certaine profondeur, car dandiner dans un mètre d'eau n'a pas vraiment de sens (encore que j'aie quelques souvenirs mémorables à ce sujet...). Plus on pêche profond et plus la dandine est avantageuse par rapport aux autre méthodes, et au delà de 20 mètres c'est quasiment la seule valable, puisque quoi que l'on fasse on se retrouve vite à la verticale.
C'est pourquoi la dandinette donne ses résultats les plus réguliers en hiver, quand le poisson se tient en profondeur et plaqué au fond. Mais on peut l'utiliser en été avec parfois d'excellents résultats.
Où peut-on l'utiliser ?
Partout où la profondeur à la verticale du scion est suffisante, disons à partir de 2 mètres.
Du bord cela dépend évidemment de la longueur de la canne, mais aussi de la configuration de la berge : rechercher les rives abruptes, les falaises, les trous d'eau, les quais ou pontons, voire même les ponts d'où la pêche serait permise (en général la pêche depuis un ouvrage est interdite, mais il existe de nombreuses tolérances et dérogations).
En barque le problème ne se pose pas, puisque l'on peut se placer à la verticale du poste à prospecter, ce qui permet d'utiliser une canne courte, plus légère et donc moins fatigante.
Il ne faut pas hésiter à rechercher les rives et les postes encombrés : les autres pêcheurs les évitent, mais la dandine permet de les prospecter mieux que d'autres technique, d'autant que les leurres utilisés sont souvent bon marché (c'est une pêche économique) et de surcroît très facile à décrocher (voir à ce sujet le chapître "décroche-leurres")
Une technique critiquée.
La dandine a auprès de certains une réputation de pêche de braconnier, car il arrive régulièrement de piquer du poisson "par les bretelles" (c'est à dire ailleurs que par la gueule).
C'est que le leurre se déplaçant vite et de façon désordonnée, le carnassier peut rater la cible et se faire alpaguer au passage.
Certains jours, il arrive également que, exaspéré par la danse incessante du leurre, il finisse par le frapper du museau ou de la queue et se fasse prendre .
Dans la mesure où ce grappinage n'est ni délibéré ni fortuit (il y a bien eu attaque), le pêcheur n'a rien à se reprocher.
La loi fait obligation de remettre à l'eau immédiatement tout poisson qui n'aurait pas été piqué par la gueule.
Le matériel
- Du bord, une canne assez longue (3m50 à 4m40), la plus légère possible.
Éviter les triques lourdes et rigides qui vous cassent le bras. Une certaine souplesse dans le scion est un atout. Une canne du genre "perche-truite à roder" est parfaite. Si l'on veut plus de puissance (encombrement, leurre plus gros), un modèle "perche-sandre à roder" reste encore assez maniable, bien que plus lourd.
En barque, une canne courte (1m80 à 2m40) et ni trop raide ni trop puissante, genre canne à vairon pour la truite, ou canne à leurre souple si l'on veut plus de puissance.
- Le moulinet n'a pas d'importance pourvu qu'il soit léger.
- Nylon 24 ou 26/100, de préférence fluo. En eau profonde, une tresse fine est un "must" quasi incontournable.
- Un assortiment de leurres à dandiner de poids différents (7 à 20 gr).
- Une pierre à aiguiser les hameçons (indispensable).
- Des bas de ligne acier (ou de l'acier en rouleau) de 6 kg de résistance pour les eaux riches en brochet.
- Accessoires : pinces, décroche-leurres, hameçons triples de rechange.